Pour les coordinateurs du dossier, il semble aujourd’hui nécessaire de poursuivre les réflexions en matière de conceptualisation et de théorisation des processus engagés dans la problématique des apprentissages professionnels en situation de travail et de formation : comment conceptualiser les spécificités des apprentissages en lien avec le travail et la formation ? De quoi ces apprentissages sont-ils faits et comment en rendre compte ? Ils font le constat que les démarches de recherche dans ce domaine restent encore trop rarement arrimées à des enjeux praxéologiques : comment développer une ingénierie de formation en lien avec l’activité de travail ? Quels objectifs, quels curricula, quelle organisation du processus d’apprentissage et quelles méthodes permettent de favoriser les apprentissages en lien avec le travail ? Quels éclairages les travaux sur les apprentissages au travail peuvent-ils apporter à la pratique ? Quelles ingénieries pédagogiques et dispositifs de formation peuvent venir prolonger le champ de recherche portant sur les apprentissages professionnels ? Enfin ils prennent en compte des considérations d’ordre plus général et éthique : n’y a-t-il pas un risque de négliger les autres modalités de formation et d’apprentissage en se focalisant exclusivement sur l’apprentissage en situation de travail (Enlart, 2018) ? L’engouement pour l’apprentissage permanent en situation de travail ne pourrait-il pas se transformer en injonction impactant la motivation et les choix personnels avec comme conséquence la mise à l’écart de ceux qui résistent à s’y engager ? Le choix, l’analyse et la description des situations de travail en dehors de ceux qui y opèrent ne contribueraient-ils pas à réactiver le débat entre activité prescrite et réel de l’activité, pour aboutir à une représentation erronée du travail ? Ce dossier thématique problématise les liens entre les apprentissages, le travail et la formation professionnelle à partir des enjeux scientifiques, praxéologiques et méthodologiques cités plus haut. Il est composé de treize contributions, dont la première offre un cadrage général à la problématique de l’institutionnalisation des actions de formation en situation de travail. Les quatre contributions suivantes interrogent les rapports entre les actes productifs et les processus d’apprentissage et de socialisation observables dans des environnements caractérisés par des enjeux de productivité. Dans la deuxième partie de ce dossier, quatre contributions portent sur la mobilisation des situations de travail en formation professionnelle et sur la manière dont ces situations peuvent être sollicitées dans la conception de dispositifs de formation professionnelle : quelle place accorder à l’expérience du travail dans les ingénieries pédagogiques en formation professionnelle ? Comment penser les innovations pédagogiques dans des environnements professionnels caractérisés par des exigences accrues en matière de productivité et des mutations technologiques ? La troisième et dernière partie de ce numéro porte sur les processus d’apprentissages dans les dispositifs de formation en lien avec le travail et rassemble quatre contributions ayant pour objectif de mieux comprendre les effets que peuvent induire les dispositifs de formation qui sollicitent le travail comme un ingrédient de la formation : comment décrire et caractériser les processus d’apprentissage effectués dans des dispositifs de formation professionnelle en lien avec le travail ? Quelles potentialités et quelles limites ces dispositifs de formation peuvent-ils représenter pour les apprenant.e.s ? Quelles peuvent être les contributions des démarches de recherche dans le domaine de l’évaluation de tels apprentissages ?